L’exposition « Les allées d’arbres – de la guerre à la paix » est installée au Parc de la Pépinière à Nancy jusqu’au 16 novembre.
Elle constitue une synthèse de l’histoire des allées d’arbres du XVe siècle à nos jours, articulée autour du pivot que constitue la 1ère Guerre mondiale.
Celle-ci a fait ressortir la fascination exercée par les allées d’arbres, les différences de « culture paysagère » entre les pays, le rôle de la France dans le développement de ce motif paysager particulier. Les allées mémorielles plantées dans l’Empire britannique, les Etats-Unis et l’Italie ont aussi montré le potentiel des allées à créer des liens entre les lieux et entre les hommes. Ceci est valable aujourd'hui encore, et les derniers panneaux sont justement consacrés à la « modernité » des allées face aux enjeux contemporains.
Richement illustrée de documents d’archives et d’images contemporaines, l’exposition nous emmène dans toute l’Europe, mais aussi au Mexique ou au Canada, en Nouvelle-Zélande ou aux Etats-Unis.
Les 14 panneaux de l’exposition sont accrochée aux grilles qui longent l’allée haute, côté Place Stanislas. Cette allée de tilleuls et marronniers est une promenade plantée aménagée au XVIIIe siècle et renouvelée au XIXe siècle sur les anciens bastions de la ville. Elle bordait la pépinière destinée aux plantations des bords de routes.
Ce lieu parfait rappelle que les allées sont au croisement entre routes et jardins, et entre utilité et agrément.
Les 9 et 10 mai se tenait à Coblence la 25ème conférence bisanuelle sur le paysage et les infrastructures organisée par le FGSV, un évènement important outre-Rhin, qui rassemble plus de 400 participants, exploitants routiers, paysagistes, spécialistes de la biodiversité. Parmi eux, deux participants français, représentant respectivement l'association et le programme français ITTECOP. Près de 2h et 1/2 ont été consacrées aux allées d'arbres. On y a malheureusement entendu ce que l'on entend partout en Europe : les riverains exploitants agricoles ne sont pas toujours tendres avec les arbres. Et surtout, il n'est guère possible d'acquérir des terrains si on veut planter plus loin. Un bon point dans la conclusion de l'atelier: l'intelligence artificielle et l'évolution de la circulation des véhicules sur la chaussée doivent être intégrées aux réflexions sur la sécurité routière. Devant le château de Coblence, ces platanes en alignement faisaient un bel écrin.
L'association ARNIKA organisait sa 6ème conférence internationale sur les allées à Liberec, non loin des frontières polonaise et allemande. L'assistance était variée, mêlant administrations des routes et de l'environnement, spécialistes des arbres et du paysage, défenseurs de l'environnement. Plusieurs membres du groupe d'échanges européen, venus d'Allemagne, de Pologne, de Russie, de Suède et de France étaient rejoints pour la première fois par le président de l'association des arboristes lithuaniens. Au menu, une journée de présentations et une journée de visites. On notera entre autres un inventaire exhaustif des allées privées et publiques effectué par un service de l'administration régionale: 546 km parcourus à pied sur un territoire de 500 km², ou la nécessaire connaissance pour bien agir dans un pays qui protège ses allées depuis plus longtemps que la France. Des routes quelquefois très étroites, des plantations, et une stèle en mémoire d'une ancienne allée, victime de l'accroissement du trafic
Le colloque "Les allées d'arbres - de la guerre à la paix" est achevé. Il a réuni pendant deux jours 110 participants venus de 4 continents à Liffol-le-Grand, dans les Vosges. Le programme était chargé, avec 31 intervenants de 10 nationalités, mais le déroulement s'est avéré fluide, avec l'usage de 4 formes différentes - exposés, "grands témoins", remise de prix, table ronde/atelier-, sans parler des intermèdes - pauses, concert, visites, films -.
Au final, un évènement plébiscité par les participants tant pour la richesse du contenu que pour la qualité des échanges et la parfaite organisation :« encore félicitations pour cette organisation. C'est le plus riche colloque auquel j'ai assisté au cours du centenaire. » « Nous sommes très heureux d'avoir partagé tant d'émotions, de témoignages forts, humoristiques, réalistes et de projets pour le futur. Nous espérons continuer à échanger avec chacun d'entre vous comme vous avons eu la chance de le faire à Liffol-Le-Grand autour de ces "Allées de Paix". » « D’abord bravo de tout cœur pour l’organisation du colloque de Liffol-le-Grand, remarquable à tout point de vue. »
A refaire !
Quelques échos sympathiques à propos du programme du colloque des 12 et 13 novembre 2018
Allee, allé, aleja, alej, аллея : voici la déclinaison de notre "allée" français en allemand (Allee), en suédois, norvégien ou danois (allé), en polonais, slovène, letton ou slovaque (aleja), en tchèque (alej) et en russe (аллея).
A chaque fois, le terme désigne aussi bien une rue, une route, un chemin voire un canal bordé d'alignements d'arbres.
Voyez par exemple les plus belles "Alleen" de Suisse : https://www.baumpflege-dietrich.ch/bern-thun-interlaken/images/pdf/medien/fachberichte/die_schoensten_alleen_der_schweiz.pdf
Ou bien faites un saut en Suède : une campagne de parrainage d'arbres est en cours pour la "trädallé" (allée d'arbres) du Göta Kanal, un canal de 190 km construit au début du 19ème siècle : https://www.gotakanal.se/sv/tradfadder/
Dans la Norvège voisine, l'allée de Borgestad (Borgestadallé) a été couronnée "plus belle route de l'année" en 2012 par l'administration des routes norvégienne, pour l'exemplarité de la conception de cette allée et de sa gestion, qui a permis on maintien depuis 1920 : http://www.side3.no/dette-er-norges-vakreste-vei/3346855.html
BUND Mecklenburg-Vorpommern et Drogi dla Natury ont mis sur pied un programme intitulé "Des allées, pas des frontières". En 2014, la première allée transfrontalière entre l'Allemagne et la Pologne voyait le jour : les allées peuvent être un symbole de cohésion et de paix.
L'arbre a cette force, reprise aujourd'hui par les deux dirigeants Coréens qui planteront un arbre sur la frontière, signe de "paix et de prospérité".
En 1922, au lendemain de la Grande Guerre, Joffre entreprend une tournée mondiale pour promouvoir la paix. Lorsqu'il arrive aux Etats-Unis, il y plante un des 1000 ormes de l'allée mémorielle Des Moines (Des Moines Memorial Drive).
ALLÉES-AVENUES a signé en début de mois, aux côtés du Cabinet All(i)ée, des Amis de la Terre, d'A.R.B.R.E.S, de l'ASPAS, du Comité des Parcs et Jardins de France, de la Fédération Française du paysage, de l'Institut Européen des Jardins & Paysages, de la LPO, de Maisons Paysannes de France, de Noé, de Patrimoine-Environnement, de Paysages de France, De Paysages de l'après-pétrole, de la Société Française d'Arboriculture, de VMF, un courrier à Nicolas Hulot.