Visionner le film du cinéaste Thierry Passerat
La RD 427 estune longue allée de frênes, 3,3 km au total, encadrant le village de Trampot, à l'extrémité ouest du département des Vosges.
Elle occupe une place particulière dans l’histoire récente des allées en France. Menacée d'abattage en 2005, elle est à l’origine d'un travail européen sur les alléas d'arbres, avec la publication du livre blanc « Infrastructures routières - les allées d’arbres dans le paysage » par le Conseil de l’Europe dans le cadre des travaux de la Convention européenne du paysage. Puis, sa préservation a conduit à une proposition législative française et à l'adoption de l’article L350-3 du Code de l’environnement qui protège les allées en France depuis 2016.
Les frênes de l'allée sont atteints par Chalara fraxinea, un champignon qui a conduit à 24 abattages, réalisés en 2019, sur un total de 271 arbres. Mais l’allée, située en milieu ouvert, résiste globalement assez bien à l’attaque. Elle présente de ce point de vue un intérêt pour la biodiversité (conservation des frênes résistant à la chalarose et conservation de la biodiversité inféodée aux frênes), d'autant qu'elle a été identifiée dans le cadre du Plan de restauration des Chiroptères en Lorraine pour son rôle pour les chauves-souris.
Nous invitons des artistes à documenter l’évolution de cette allée au fil des ans. Arts graphiques, vidéos, photos, sculptures, la palette est vaste, et les œuvres ainsi créées constitueront une vitrine internationale pour l’allée et pour la petite commune vosgienne.
En 2020 et 2021, nous avons accueilli la Française Constance Fulda. Artiste de renommée internationale, fascinée par les arbres, elle a posé ses papiers japonais - un papier extrêment léger et résistant, qui ne jaunit pas avec le temps - à fleur d’écorce pour capter au plus près l’histoire intime des frênes bordant la RD 427. Le résultat est étonnant : chaque arbre a révélé une véritable constellation, un réseau complexe de "noyaux" et de filaments semblable à un étrange mycélium.
C'est la première fois que Constance Fulda prend ainsi l'empreinte des arbres d'une allée. Habituellement, ce sont des arbres singuliers qui se voieint révélés : arbres de l’Arboretum du domaine royal de Versailles-Chèvreloup, géré par le Muséum national d’Histoire naturelle, immense banian de Thrissur, en Inde, cèdre plurimillénaire de l’île Yakushima, au Japon, chênes mémorables qui formeront la nouvelle charpente de Notre-Dame etc.
En ce début d'année 2022, le 24 mars, nous avons accueili l'artiste franco-tunisien Ridha Dhib dans le cadre de sa performance marchée "Ex-tracés". Après avoir écrit, la veille, un fragment de la Convention de Genève sur le statut des réfugiés, il s'est arrêté dans l'allée de frênes. Et voici que l'allée est documentée par une photo et une séquence vidéo avec une boussole en réalité augmentée qui pointe pratiquement dans l'axe vers le terme de sa performance, Mardin, à la frontière turco-syrienne, à 3118 km de là. Pour que cela soit connu du plus grand nombre, donnez votre avis ici.
Le prochain rendez-vous est le week-end des 25 et 26 juin 2022 ! Constance Fulda revient compléter les 69 empreintes déjà réalisées (quand l'oeuvre sera achevée, elle en comportera quelque 250 !) et expose à l'église de Trampot des empreintes des chênes destinés à la charpente de Notre-Dame de Paris.
L'observatoire a pu être lancé et se poursuit grâce au soutien de nos donateurs et mécènes, en particulier: